mardi 28 avril 2009

"Villa Amalia", ou comment Isabelle Huppert m'est apparue autrement


Le dernier film de Benoît Jacquot est centré sur une femme, qui décide du jour au lendemain de tout quitter. Tout, sauf un ami, qu'elle vient de retrouver. Cette femme, c'est Isabelle Huppert, qui fait la beauté du film. Je n'ai jamais trop aimé cette actrice, jouant souvent des rôles de folles, si bien qu'elle me faisait presque peur. Mais dans "Villa Amalia", j'ai découvert Huppert. Sa beauté froide, son côté très dur et à la fois très touchant... 
C'est lent, comme une vague de l'océan qui nous emporte très doucement. La partie du film où elle prépare ses affaires pour s'en aller est un peu longue à mon goût, on attend cette fameuse villa avec impatience. Et quand elle arrive, on se laisse guider vers la beauté infinie d'un plan montrant la mer, et tout ce qu'on peut construire dans une vie. Si on prend son temps.

mercredi 18 février 2009

Politique de l'autruche


Une petite île, située à 68OO km de Paris, cocotiers et mer turquoise à souhait, rhum et poissons grillés... c'est un cliché de la Guadeloupe? certes, mais c'est pourtant de cette manière là que la plupart des Français métropolitains décrivent les DOM-TOM. Car nous n'y allons que pour nous détendre, faire une semaine de tourisme, et en rentrant s'extasier sur un des plus beaux départements français. C'est bien joli tout ça, mais les Guadeloupéens rappellent au gouvernement et aux métropolitains qu'ils en ont marre de faire office de carte postale paradisiaque, permettant aux chauvins de dire que la France, c'est vraiment un pays où on trouve de tout: montagne, mer, campagne, froid, chaud, et même les tropiques.
Et depuis 27 jours, en organisant une grève générale très suivie, les habitants de l'île tentent -désespérément- d'interpeller les responsables politiques de l'Hexagone. Matignon a tout de même envoyé le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, Yves Jégo, faire un tour sur le sable blanc, histoire de voir d'un peu plus près ce qu'il s'y passe. Mais à part payer des allers-retours à son ministre, le gouvernement ne s'est pas trop mouillé dans les négociations, qui semblent moins agréables que les lagunes transparentes.
Et enfin, au bout du 27ème jour de politique de l'autruche, l'Élysée, comprenant que la crise ne finirait pas toute seule, s'est décidé à intervenir. Le 19 février, Nicolas Sarkozy reçoit les responsables syndicaux de la Guadeloupe, pour entamer des négociations... Il était temps, car sur place, le LKP n'arrive plus à contenir les jeunes. Il aura fallu des affrontements et un mort pour que l'Élysée se décide à faire quelque chose. À suivre...

mardi 20 janvier 2009

Différences, changement et réflexion


C'est dans un petit théâtre du 18ème arrondissement, le Lavoir Moderne Parisien, que Vincent Byrd Lesage lit le fameux discours de Barack Obama, De la race en Amérique. Il est dirigé par José Pliya, directeur de la scène nationale de la Guadeloupe, "L'Artchipel". Réflexion et interrogations garanties.

Dimanche après-midi, lorsqu'on pénètre dans la salle du Lavoir Moderne Parisien, on a évidemment en tête l'investiture de Barack Obama, qui a lieu mardi 20 janvier. Mais revenons à Paris, ce n'est pas le "vrai" Obama que l'on va voir, mais la lecture en français de son discours de Philadelphie, De la race en Amérique. Discours qui lui a valu d'être comparé à Marin Luther King. Discours durant lequel il a été interrompu dix-sept fois par les applaudissements. C'est donc un discours mythique que l'on va entendre.

Une voix off nous remet en mémoire le contexte, et la raison de ce discours: en réponse aux attaques des médias concernant les paroles provocantes du révérend Wright, ami et pasteur du candidat qu'est encore Obama en 2008, ce dernier écrit lui-même un discours qu'il lit à Philadelphie, le 18 mars 2008. La mise en scène est très épurée: un pupitre, sur lequel est posé un micro, est situé sur le devant de la scène, au milieu. Derrière, il n'y a aucun décor, mais des lumières bleues, rappelant la couleur du parti démocrate américain, éclairent le mur vide.

Entre alors le "faux" Barack Obama, l'acteur Vincent Byrd Lesage. Il s'installe derrière le pupitre, et commence à lire le discours. José Pliya lui a demandé de ne pas le mémoriser, même si cela arrivera naturellement après plusieurs représentations. L'acteur est habillé comme Barack Obama, costume noir, chemise blanche et cravate bleue. Assez étrangement, peut-être est-ce le cadre qui la crée, on remarque une légère ressemblance avec le 44e président des Etats-Unis. De plus, il est métis, et, détail amusant, né le même jour qu'Obama, le 4 août 1961. Les projecteurs sont braqués sur lui, tandis qu'il lit le discours, de manière très calme.

Au début, on est un peu étonné. Il commence calmement, mais il va peut-être le lire comme Obama, faire ses envolées lyriques propres au nouveau président, jouer sur l'émotion de l'auditoire... Mais non. Vincent Byrd Lesage lit De la race en Amérique d'une voix posée, doucement mais sûrement. Les temps de pause qu'il prend sont bienvenus pour nous laisser réfléchir à ses paroles.

Mais peu à peu, à mesure que l'acteur nous parle du problème de vivre avec l'autre, de vivre ensemble malgré les différentes couleurs de peau, les différentes cultures ou les différentes religions, l'image de Barack Obama surgit. Vincent Byrd Lesage fait les mêmes gestes qu'Obama: il se tourne vers sa droite et vers sa gauche, comme si le public était tout autour de lui, comme pendant les meetings de l'ancien candidat démocrate. Il tient le pupitre de ses deux mains, comme s'il voulait l'arracher plutôt s'appuyer dessus. À travers ses mots français, l'acteur laisse Obama nous envahir. On le voit presque sur la petite scène de ce théâtre parisien, avec sa verve, ses gestes, et l'espoir que sa voix porte.

Et c'est sûrement là que réside la force de la lecture dirigée par José Pliya. Lui et Vincent Byrd Lesage ne voulaient pas imiter Obama -autant aller voir la vidéo du discours du You Tube- mais véhiculer le message présent dans son discours De la race en Amérique. Faire naître les interrogations chez les spectateurs. Réfléchir sur les Etats-Unis, mais également sur la France, puisque le discours est lu en français, à Paris. Et comme l'a montré le débat qui a eu lieu après la lecture, l'objectif est atteint. La lecture nous permet de mieux entendre les messages portés par le texte, qui ont un sens universel, et qui dépassent l'homme même qui a écrit ce discours. La mise en scène très sobre n'évoque pas du tout les shows d'Obama, mais nous offre un espace propice à la réflexion et l'imagination. José Pliya et Vincent Byrd Lesage nous offrent une lecture qui nous interroge, nous pousse à réfléchir à la question du "vivre ensemble", et nous touche.

Aujourd'hui, 20 janvier, au Théâtre du Rond Point à 18h30.
 Au Lavoir Moderne Parisien, 35 rue Léon, 75018 Paris, du 25 janvier au 23 février, les dimanches à 15h30, les lundis à 19h15.


mercredi 7 janvier 2009

Sacrée bonne femme!


"Oh, t'as vu, elle ne les fait pas du tout ses quatre-vingt balais, hein?" C'est la petite remarque qu'on entend à la sortie des cinémas en ce moment.... Oui, c'est vrai qu'Agnès Varda, petite bonne femme "rondouillarde et bavarde" comme elle dit, semble plus jeune. Son dernier film, Les plages d'Agnès, est un véritable succès. Sorte d'autobiographie où la réalisatrice mêle des plages de sa vie aux séquences de ses films, le spectateur se promène au bras d'Agnès, en souriant, en riant, et en pleurant. On voit Gérard Philippe, les fils de Jean Vilar, Catherine Deneuve jeune, Agnès dans les bras de Jacques Demy... Mais elle parle également de ses expositions, de ses voyages et de sa maison, rue Daguerre, vieille cour désaffectée qu'elle a aménagée en un bel appart. On a envie de prendre un pot avec elle, de se promener sur les plages du Nord ou sur l'île de Noirmoutiers quand on sort du cinéma. 
Agnès Varda a eu une belle vie, qui heureusement n'est pas finie! L'ombre de Jaques Demy semble la suivre partout, mais pas de manière macabre. À voir, ça délasse et ça réchauffe par ce froid!

un pas en arrière, deux pas en avant


Lent dehors, ou la quête de soi à travers son passé? Le livre de Philippe Djian, publié en 1991, raconte l'histoire d'un professeur qui vient de se faire larguer par sa femme, Edith. Il part alors pour deux mois aux Etats-Unis, à Cape Cod, sur la côte Est, et face à la mer, il se replonge dans son passé. Le roman est donc un va et vient entre le présent et le passé, jusqu'à ce que les deux temps se rejoignent. L'auteur crée tout de suite une ambiance particulière, qui donne envie au lecteur de lire de plus en plus vite les 500 pages du livre, tout en ne voulant pas qu'il se finisse. Un monde à part, celui d'une troupe de danseurs, des voyages, des trains, le froid russe, la vie à Paris... on ne sait plus où donner de la tête, et on se laisse bercer par le doux érotisme qui se dégage de certaines scènes. On éclate de rire aussi, et on sourit à l'ironie du ton utilisé par le narrateur. Chaque personnage est attachant, et lorsqu'on referme le livre, c'est un peu comme si on quittait sa famille. À lire sans hésiter, et à relire si c'est déjà fait.

jeudi 11 décembre 2008

Dimanche, pour ou contre?

Les débats vont grand train dans le milieu politique à propos du travail dominical. Mais cette question fait partie de celles qui touchent également la population, qu'on sonde, qu'on interroge, qu'on prend à témoin. Personnellement, je suis assez d'accord avec Nathalie Kosciusko-Morizet, qui défendait le travail le dimanche pour les étudiants, sur le plateau de "Mots Croisés", émission présentée par Yves Calvi. J'ai toujours travaillé le dimanche dans mes différents petits boulots, et ça ne m'a gênée, mis  à part le fait que je n'ai jamais été payée plus car je travaillais un dimanche. 
Dès qu'on a une famille, il faut considérer la question différemment. En effet, le dimanche est souvent le seul jour que l'on peut passer avec ses enfants, ou avec les grand-parents quand ils ne sont pas loin. Cependant, le recours à la religion pour expliquer l'attachement au dimanche comme jour du Seigneur et donc jour de repos ne me paraît pas très justifiée dans un pays qui se dit laïque, et interdit le voile au nom de cette même laïcité. N'interdisons donc pas le travail dominical au nom de l'Église!
La solution serait donc de laisser le choix aux gens, tout en protégeant les salariés des éventuels abus qui pourraient survenir, tels que "si vous ne travaillez pas dimanche je vous vire". Donc Mme Parisot, ne compliquez pas tout en vous opposant à un "droit de refus" du salarié! Sinon, on parlera encore de cette loi dans un an, car elle aura été repoussée sans fin.

vendredi 5 décembre 2008

Histoires de hiérarchie

Jeudi soir, dans ma voiture, j'écoute comme d'habitude ma radio fétiche: France Inter, évidemment... Après un bon moment passé en compagnie d'Yves Calvi et Patrick Timsit, son invité, Eric Delvaux présente le journal de 18h. Tout à coup, deux phrases me font bondir de mon siège -et appuyer un peu brusquement sur ma pédale de frein- : " Le choléra s'étend au Zimbabwe, l'état d'urgence est déclaré". Bon, vous me direz, ils l'annoncent, c'est déjà ça! Oui, mais tout ça suivi de 3 minutes consacrées à Laure Manaudou, qui n'est pas très en forme, et avec un reportage à l'appui! 
Alors, les infos, ça se hiérarchise, je sais. Et c'est discutable, d'accord. Mais là quand même, c'est un peu fort de café! Pourquoi personne ne parle du choléra, épidémie mortelle, qui s'étend à toute vitesse au Zimbabwe? Il y a déjà eu 560 morts, et la maladie risque de s'étendre aux pays voisins, à cause de la population qui traverse les frontières pour fuir la mort. Donc je pense, -mais ce n'est que mon avis-, qu'une radio nationale aussi importante que France Inter, quatrième radio de France en terme d'audience, pourrait se permettre un sujet plus long. Les journalistes ont-ils fui le Zimbabwe? Si c'est le cas, ce que je n'espère pas, un entretien avec des médecins et chercheurs spécialisés est toujours possible? Car finalement, on ne sais pas grand-chose du choléra. Je me souviens du livre de Jean Giono, Le Hussard sur le toit, et de l'adaptation qui en a été faite au cinéma, par Jean-Paul Rappeneau... Mais à part ça? 
Donc j'attends de voir la suite des événements, en espérant qu'ils seront mieux couverts par les médias dignes de ce nom.